Vers la ville.

C'était la fin de la semaine. Vendredi, cinq heures et demie de l'après-midi et Stephan prenait le bus pour la ville. En voyant le gros véhicule peiner dans la montée jusqu'au château, il pinça les lèvres en pensant à Tom, qui avait son permis et une voiture. Pas n'importe quelle caisse, d'ailleurs ... une du genre qui impressionne les filles. Très en accord avec son attitude de dragueur invétéré...

Avec un soupir résigné, Stephan monta dans l'autocar en présentant sa carte au conducteur et se trouva une place assise dans le véhicule rempli d'élèves, pressés de fuir le lycée et d'aller fêter le week-end dans un bar ou en boîte. Stephan éspérait d'ailleurs y retrouver ses amis. Il scruta la foule autour de lui, pour tenter d'y déceler une tête connue dans le bus bondé, mais sans succès.

Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 30/06/2007

Beverly avait un profond dégoût pour les transports en commun - qui venait certainement de son caractère assez suffisant - et détestait se retrouver serrée entre une foule de lycéens en folie, qui ne faisait que remuer de toute part la laissant dans un grand malaise perpétuel.

Seulement, elle n'avait pas eu le choxi étant donné que son frère, Logan, s'était dispensé de la prévenir de son départ précipité avec une jeune fille la laissant à ses propres moyens pour rentrer chez eux.

Bien heureusement tout de même, elle avait trouvé une place, seule, sans voisin, au fond du bus, lui permettant de jouir d'un certain recul vis-à-vis des autres excentriques de ce transport. Malgré les sourires de quelque uns de ses camarades, elle restait fermé d'expressions préférant la discrétion à l'agacement.

Son regard perdut par la fenêtre se releva vers Stephan, qu'elle connaissait un peu, certes, mais dont elle n'ignorait pas tout, loin de là. Suffisamment renseignée sur tout le monde. Elle laissa son regard regagner la fenêtre.

Le regard de Stephan finit par tomber sur Beverly. L'une des filles les plus populaires de tout le lycée, c'était tout dire : il fallait vraiment être un de ces intellos obnubilés par leurs notes (entendez par là : à côté de la plaque, fraîchement débarqué de la planète mars ou en deux mots, vraiment out) pour ne pas connaître au moins de vue la capitaine des pom-pom girls. Charismatiques, aimant se mettre en avant, il était difficile de dire si ces nanas étaient plus jolies que capricieuses. En bref, ce n'était pas du tout le genre de fille de Stephan.

Ironie du sort, depuis qu'il l'avait rencontrée à une quelconque fête du lycée, Stephan s'était senti attiré par Beverly. Elle avait quelque chose de plus... Ce truc en plus, parfaitement indéfinissable et inexplicable qui fait que vos yeux restent collés à elle sans pouvoir se détacher. Justement, Stephan finit par se rendre compte qu'il la dévisageait depuis quelques instants d'un air qui devait paraître particulièrement stupide, et il rassembla tout ce qu'il y avait de volonté en lui pour détacher son regard de Beverly.

Le bus fit un premier arrêt, et quelques élèves descendirent , au grand soulagement général : on pouvait enfin respirer un peu, et à présent, il y avait un minimum de place pour se mouvoir. Stephan hésitait vraiment à aborder de la lycéenne : sa réputation de peste n'était plus à faire, et elle avait sa manière bien à elle d'envoyer paître les importuns.

Finalement, ayant trouvé un prétexte pour engager la conversation, il se résolu à tenter une approche. Il se leva donc et la rejoignit :

" Salut. C'est pas souvent qu'on te voit dans le bus. Dis, tu n'aurais pas des nouvelles de tes cousins, par hasard ? "

Stephan ne se sentait pas vraiment à l'aise, sur ce coup-là. La bouche sèche, les mains cripsées, il n'offrait pas un modèle de décontraction et d'aisance naturelle.

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Oui, Berverly Handers était une jeune fille suffisante et pour le moisn capricieuse, mais elle le valait bien. Proche de l'insolence et de la prétention, elle était attirante et elle le savait et ne se privait pas de laisser les garçons en faire les frais. Elle était autant apprécier que détester pour cela, mais loin de s'y arrêter, elle assumait totalement sa façon d'être et malgré que bons nombres ne voyaient que son côté superficiel elle ne cherchait pas à faire connaître son côté fragile et sensible. Les Pompom Girls étaient les filles les plus belles et populaires du lycée et elles en profitaient : Beverly n'était pas la pire mais elle était une jeune fille attirante, populaire, suffisante, et capricieuse. Qu'importait qu'on ignore son coeur en or, sa générosité, et sa fidélité en amitié, on ne voyait que la "traînée" dont tout le monde commérait les trophées.

Lorsque le premier arrêt s'effectua, elle parut respirer de nouveau alors que de l'espace se libérait. Les transports n'étaient pas fait pour elle, non elle avait des goûts de luxe, certes à tort, mais on ne change pas quelqu'un si vite.

Elle aperçut rapidement Stephan qui s'approchait d'elle. En temps normal, elle aurait soupirer dans un faible "prévisible ... " cependant, elle n'en fit rien et le laissa venir à elle. Il choisit un sujet pour le moins très commun mais aussi très inapproprié. Elle sourit d'ailleurs de son manque d'assurance.

" Le hasard ne fait pas toujours bien - ou mal - les choses. Je n'ai aucune nouvelle depusi bien longtemps ... "

Elle lui adressa un sourire presque amical.

" Tu voulais vraiment me parler des personnes qui sont sensés être proches de moi et que je ne vois encore moisn que des inconnus ? "

Elle eut un sourire d'autant plus franc.

Stephan se retint à un dossier de siège et resta debout à côté de Beverly. Celle-ci n'avait pas eu l'air bien surprise de le voir venir, il y avait même un soupçon d'ironie dans son expression. Elle lui fit bien sentir que cette manière d'engager la conversation ne la leurrait pas sur son état d'esprit. Enfin, il avait sauvé la face, et elle ne lui avait pas demandé d'aller voir ailleurs. Elle lui souriait même, tout en parlant de ses cousins d'une manière peu affectueuse. Stephan savait qu'entre les jumeaux Camerson et les Handers, les liens étaient plutôt distendus, mais à ce point... Il eut un fugitif sourire d'excuse :

" En effet. Je veux parler de ces gens avec qui je devrais traîner en permanence et qui sont aussi présents que des inconnus, en ce moment. A croire qu'il n'y a plus que les études qui les intéressent. Enfin, voir les Camerson se désintéresser de la musique, ça semble tellement tenir du paranormal que ... Ben je me suis dit que peut-être tu saurais quelque chose à leur propos pour une fois, et que je ne perdais rien à poser la question. Mais j'etais loin d'imaginer que vous étiez si 'éloignés', pour de proches parents. ' Le hasard ne fait pas si mal les choses', cita t-il brièvement. On dirait que tu ne les porte pas dans ton coeur..."

Stephan était assez intrigué par ce que laissait entendre Beverly sur ses relations avec ses cousins. Pour lui, les deux frères étaient des types sympas. Mais il fallait dire que les pompom girls et les musicos vivaient ... dans des mondes séparés. Cette conviction qu'il perdait son temps à essayer de passer outre ce fait d'une vérité inébranlable aussi fondamental que la loi de la gravitation au lycée Vallier, pesait dans la balance... Et sur l'autre plateau, il y avait le joli visage souriant de Beverly. La timidité de Stephan faillit prendre le dessus.

* Mon grand, tu perds ton temps à essayer de parler avec cette fille. *

L'autocar cahotait sur la route et une secousse déséquilibra Stephan qui se rattrapa à une rampe avant de se décider à s'asseoir sur un siège voisin de l'autre côté du couloir.

" Satané bus. Vivement le permis, n'est-ce pas ? "